01 mars 2007

Pour le simple plaisir de faire (1)

Dix images du quotidien, mises bout à bout. Magie de l'image qui bouge. Bonheur que de faire, même de si petites, si insignifiantes choses. Essayer de perséverer dans la récolte des petites choses, en espérant qu'elles s'épiphaniseront, à un moment ou à un autre. Essayer de prendre le réel tel quel, de plein fouet, sans trop trembler. Accepter cela, ne pas chercher à transcender quoi que ce soit. Rester au niveau des choses ordinaires. Susciter l'extraordinaire a toujours été un mauvais réflexe. Réflexe d'artiste. Essayer d'être artisan. Réapprendre cela. Les moindres gestes. Respirer. Regarder. Ressentir. Ecrire. Oublier l'art, retrouver simplement la manière. S'émouvoir d'un geste. Les choses simples. Mises bout à bout. Et on avance comme ça. Sans se poser de questions. Simplement faire. Y mettre sa peau bien entendu. Mais ne pas se perdre dans les méandres d'une technicité accablante. Chercher l'image là où elle se trouve. Pas dans le verbe. Pas dans l'image. Pas dans la forme. Avanti.



Tu viens de te relire. Touchant retour à l'artisanat. C'est du n'importe quoi, cette recherche de l'épiphanie. Tu le sais bien, celle-ci ne se trouve pas, ne se cherche pas, mais se fait. C'est un truc d'artiste, un truc de magicien. Oublie cela. Contente-toi, tu l'as dit, sans y croire, des choses simples. Rejette l'extraordinaire et le transcendant. N'en tire cependant aucune vanité. Il n'est de pire vanité que celle des gens humbles. Cette affreuse fausse modestie aussi. Bricole, fabrique, invente peut-être. Mais toujours à partir des moyens les plus simples. Ne redevient pas artisan qui veut. L'art, c'est autre chose. L'art n'existe pas. Ou est réservé à d'autres que toi. Il te faut suer au travail. Tu n'as pas cette grâce qui fait l'artiste, cette légèreté. Tu es lourd comme un cheval blessé. Il te faut faire, sans artifices, sans rien presque. Mettre des images du quotidien bout à bout. Dix images du quotidien mises bout à bout, encore. Voir ce que ça fait, ce que ça donne. Même procédé que tout à l'heure, même rue, même appareil photo, même regard, etc.

Pas le même regard tout à fait, non. Ni la même rue. Voir ce que ça donne, ces deux rues, mises bout à bout, truquées en 24 images par seconde. Discerner peut-être la "vérité" cinématographique, fortuite pour la peine, de ces deux rues.



La voilà justement à l'oeuvre, cette technicité accablante. Cette dernière image, en somme plus travaillée que les autres, est proportionnellement plus pauvre, moins intéressante, moins fraîche, moins belle peut-être. Déperdition dans la retouche. Et puis le 24 images/seconde n'est pas respecté, du fait du chargement, aléatoire, etc. Technicité, technicité qui freine le faire, qui relègue l'image à la pensée, à l'inactuel. Il n'y a quà voir ce que ça donne lorsque l'on clique sur ces maudits gifs. Bah!



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